Européennes 2024 : Contre la décroissance kaki
Point de vue de M. HALARY, candidat de la liste PAIX et DÉCROISSANCE
sur les assertions de la Maison Commune de la Décroissance
La MCD : bienvenue chez BHL le décroissant !
Quand, il y quelques années, à l’occasion d’une soirée des Amis de La Décroissance (le mensuel), l’un de nous interrogea un autre participant sur l’expérience que celui-ci avait de la Maison Commune de la Décroissance (MCD), ce dernier partit dans un grand éclat de rire : « On ne peut pas trouver d’appellation plus trompeuse car il n’y a pas de maison, rien de commun et on se demande ce qu’il reste de décroissance dans ce machin ! ».
La suite prouvera que son analyse était absolument pertinente, quoique largement en deçà de la réalité. À se demander si finalement, le funeste article 4 du projet de loi macroniste dit de « lutte contre les dérives sectaires » ne devrait pas être promulgué de toute urgence, tant l’officine en question fait passer la scientologie pour un café philo et que le taulier du logis fictif ravale le gourou Raël au rang d’un aimable curé de campagne.
La Décroissance comme tremplin
Mais soyons honnêtes, nous devons mettre à l’actif de la MCD la coordination de l’ouvrage La décroissance et ses déclinaisons (Utopia, 2022), dont les contributions de haut vol présentent l’incomparable vertu de terrasser presque instantanément les insomnies les plus carabinées.
Et que je me gargarise de débats cruciaux du type « la post-croissance de la décroissance sera-t-elle une a-croissance ou plutôt l’inverse ?, et patati et patata. » Un titre plus représentatif du contenu du pensum lourdement scolaire aurait pu être 50 nuances de bla-bla au prétexte de décroissance.
Véritable négation de l’esprit et des pratiques de l’écologie politique historique, la MCD, tout comme Génération Écologie (moins crapoteuse tout de même), qui apparaît de plus en plus être sa maison-mère, ne sert pas la décroissance (nous sommes ici dans l’euphémisme) mais se sert de la décroissance.
Delphine Batho et le kapo atrabilaire de la MCD : deux déclinaisons de la décroissance narcissique. Mais comme la nature n’a pas été aussi généreuse sur le plan capillaire pour le second que pour celle dont les splendides tresses constituent le principal argument de marketing politique, que restait-il alors à celui-ci pour attirer la lumière ? La chemise blanche immaculée et savamment déboutonnée de BHL tout comme l’écharpe rouge de Christophe Barbier, pour citer des maîtres-penseurs qui semblent être les véritables inspirateurs de la MCD, étaient déjà des marques déposées.
La traque sur les réseaux dits « sociaux »
Alors tant pis pour la lumière et, mis à part quelques sorties pour abreuver une poignée de gogos et de gagas de ses prêches filandreux (soumis à la présentation du « pass sanitaire », s’il vous plaît, un aussi beau spectacle se mérite !), le gourou restera tapi dans l’ombre.
Dans l’ombre et surtout devant son écran, car on a beau se revendiquer « décroissant » la technologie a tout de même du bon, il faut l’admettre. Quand, au bon vieux temps de sa jeunesse, il fallait infiltrer les groupes ennemis (au choix, communistes, maoïstes, trotskistes, anarchistes etc.) et effectuer des filatures pour traîner un contradicteur dans la boue, aujourd’hui quelques clics de souris suffisent. Et, en véritable cochon truffier, que je te renifle dans les poubelles de Google®, Facebook®, TikTok®, Twitter®, Instagram®, Telegram®, Am’stram’gram’pic’et’pic’et’colégram® pour calomnier quiconque aurait l’audace d’émettre la moindre objection envers son génie.
Moderne, résolument moderne, notre Fouquier-Tinville des algorithmes ne se contente pas de l’être sur la forme, il excelle aussi sur le fond. En pur croyant (car il s’agit d’une foi sous sa forme chimiquement la plus pure) du grand récit virtuel du capitalisme occidental métastasé, la réalité n’a plus aucune existence pour lui. Place à la magie du discours performatif. Au commencement, était le verbe. À la fin aussi. Et, entre les deux, rien du tout, sinon le délire et la calomnie.
Décroissance génétiquement modifiée
L’insulte «vipère lubrique trotskiste » sonnant un peu démodée pour le courageux pourfendeur d’hérétiques toujours soucieux de ne pas passer pour un has been, une petite mise à jour s’imposait.
Tiens, « antivax », c’est pas mal ça, coco ! Allez, va pour « antivax » ! Que la réalité nous dise que l’injection à ARNmessager n’est pas un « vaccin », qu’elle ne protège ni de la contamination, ni de la contagion et qu’elle n’a aucun effet bénéfique sur un virus de toute façon moins dangereux qu’une grippe saisonnière est sans importance. Le principal est de hurler « antivax ! » avec la meute, de pratiquer l’injure pavlovienne et, accessoirement, de présenter un brevet de bien-pensance (donc d’assentiment au mensonge) à un système dont on rêve qu’il récompense nos jappements de quelques susucres.
Soyons fous, il serait peut-être possible de décrocher une demi-page « Opinion » dans l’hebdomadaire collaborationniste Franc-Tireur ? La MCD, ou quand la décroissance en tient une sacrée dose. Ou même plutôt deux, trois, quatre ou plus si affinité, si ladite dose est le produit miracle de chez Pfizer®.
Difficile de trouver, même en faisant usage d’un microscope à très forte focale, la moindre filiation entre un précurseur de la décroissance comme Ivan Illich, qui refusa de se soumettre à la médecine moderne pour soigner le cancer qui le rongea durant de longues années, et nos « décroissants génétiquement modifiés ». Les boomers (enfin pas tous, mais ses spécimens les plus pathétiques) constituent la première génération d’humains refusant de mourir.
Par conséquent, tout est bon pour prolonger leurs petites existences, quitte à, quoi qu’il en coûte, anéantir une société entière en instrumentalisant leurs peurs puériles et irrationnelles. Et sacrifier sur l’autel de leur hybris assassin l’innocence, la joie et l’éveil des enfants, d’abattre les sociabilités les plus vitales, de lyncher les soignants rétifs à être transformés en cobayes, de priver les jeunes de leurs meilleures années, de séquestrer des vieillards livrés à une mort dans la solitude la plus atroce et de profaner les rites mortuaires millénaires.
La décroissance, en tant que dernier humanisme de notre époque, est l’antithèse absolue de cette folie nihiliste. Et il faut bien appeler ceux qui ont collaboré à cette infamie par le seul nom qu’ils méritent, celui de criminels. Il y a quelques années, Vincent Cheynet titra l’un de ses ouvrages Décroissance ou barbarie. La MCD nous gratifiera-t-elle d’une Décroissance et barbarie à l’occasion de sa prochaine livraison ?
Décroissance kaki
Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo ont depuis longtemps fait allégeance au système et ne tirent plus que sur les ambulances que leurs maîtres leur désignent. Mais heureusement qu’en ces sinistres temps de Macronie déliquescente, le site internet de la MCD est là pour nous offrir des moments de franche rigolade.
Ainsi, lorsque dans un articulet fielleux où il vomit sa bile sur Décroissance Élections, l’exalté en chef déplore « le manque de profondeur historique et théorique de la décroissance ».
S’agissant de profondeur théorique, on doit reconnaître que l’auteur s’est surpassé pour nous offrir un exceptionnel galimatias qui mélange des formules dignes de l’Almanach Vermot (« juste de la paix ou de la paix juste ? »), une évocation hors-sujet de Marx (que vient-il faire dans cette galère ?) et des métaphores sportives que même le regretté Thierry Roland n’aurait pas osé énoncer.
En revanche, pour la profondeur historique, il n’est pas exagéré de dire que que l’on reste sur sa faim, l’auteur nous noyant sous des circonlocutions verbeuses de niveau olympique. On retiendra tout de même cet authentique tour de force : « Méfions-nous alors de ces pacifistes hémiplégiques qui crient si fort leur désir de « paix à tout prix » qu’ils oublient que ce prix est payé par des humain.e.s »
Si on suit bien notre phare de la pensée (et il faut du courage, tant sa prose est cauteleuse), la paix tue, ou, pour le formuler en termes orwelliens « la paix, c’est la guerre ! ». Il fallait, oser ! Mais que disait déjà Audiard sur les téméraires de cette catégorie ?
Sur le conflit en Ukraine
Si, en s’armant de beaucoup de patience, on parvenait à extraire de la gangue de verbiage de ces pseudo décroissants va-t-en guerre un embryon d’opinion, celui-ci serait assurément d’essence BHL-esque. Soit quelque chose comme : la méchante Russie a agressé la gentille Ukraine, et c’est très vilain.
Et toute l’affaire a commencé le 24 février 2022 avec l’entrée des troupes russes dans le pays voisin. Pouce en l’air pour l’Ukraine, pouce en bas pour la Russie, triomphe de la propagande par l’émotion et des stimuli du cerveau reptilien.
Et comme les Staliniens d’hier, les petits fonctionnaires du ministère de la Vérité occidentale effacent de l’Histoire officielle le coup d’état du Maïdan de février 2014, la trahison des accords de Minsk dont l’Allemagne et la France étaient les garants, le harcèlement des populations russophones par des milices fascistes, la célébration de « héros » ukrainiens antisémites collaborateurs des nazis, et les provocations incessantes de l’Otan bafouant le statut de neutralité de l’Ukraine.
Théâtre de l’affrontement OTAN Russie.
Les nostalgiques des westerns de leur enfance remplis de gentils très gentils et de méchants très méchants devraient enfin devenir adultes et oublier leurs fables pour faibles d’esprit. Pour finir par comprendre que cette guerre n’est pas un conflit opposant la Russie et l’Ukraine, mais une guerre entre l’Otan et la Russie, par Ukraine interposée. Et que ceux qui en font les frais sont avant tout les jeunes ukrainiens, dont les belles âmes BHL-esques, tout à leur célébration des « droits de l’Homme » occidentaux pour étancher leur bonne conscience comme les bigotes d’hier allaient à confesse, semblent se moquer comme de leur première chemise blanche. Toute une génération engloutie dans la glaise du Donbass pour satisfaire la vanité de petits comédiens narcissiques, marionnettes d’un impérialisme américain qui semble n’avoir qu’un seul objectif : organiser une troisième guerre mondiale pour restaurer son influence mise à mal par l’émancipation d’un Sud global, qui refuse désormais de se plier aux diktats de Washington.
Ici aussi, les masques doivent tomber : ceux qui, pris de bouffées délirantes BHL-esques (mais lui a au moins l’excuse d’en faire un juteux fonds de commerce depuis un demi-siècle) croient (encore une fois, seuls l’irrationnel et le pur dogmatisme animent ces fanatiques belliqueux, éternels donneurs de leçons si pétris de politesse qu’ils n’hésitent jamais à céder leur place aux autres quand il s’agit d’aller au casse-pipe) que le Donbass est à Poutine ce que les Sudètes furent à Hitler devraient abandonner la lecture du Point pour se plonger sans délai dans La défaite de l’Occident d’Emmanuel Todd.
Ils comprendraient alors que leurs gesticulations outrées ne servent qu’à alimenter les charniers du Donbass. Lénine aurait parlé d’« idiots utiles du système ». Utiles, c’est à voir, mais, une fois encore, criminels, à n’en pas douter.
Pascal Halary (Mars 2024)