Contre la décroissance kaki

            Si, en s’armant de beaucoup de patience, on parvenait à extraire de la gangue de verbiage de ces pseudo décroissants va t-en guerre un embryon d’opinion, celui-ci serait assurément d’essence BHL-esque. Soit quelque chose comme : la méchante Russie a agressé la gentille Ukraine, et c’est très vilain.
Et toute l’affaire a commencé le 24 février 2022 avec l’entrée des troupes russes dans le pays voisin. Pouce en l’air pour l’Ukraine, pouce en bas pour la Russie, triomphe de la propagande par l’émotion et des stimuli du cerveau reptilien.
Et comme les Staliniens d’hier, les petits fonctionnaires du ministère de la Vérité occidentale effacent de l’Histoire officielle le coup d’état du Maïdan de février 2014, la trahison des accords de Minsk dont l’Allemagne et la France étaient les garants, le harcèlement des populations russophones par des milices fascistes, la célébration de « héros » ukrainiens antisémites collaborateurs des nazis, et les provocations incessantes de l’Otan bafouant le statut de neutralité de l’Ukraine. 

 

            Les nostalgiques des westerns de leur enfance remplis de gentils très gentils et de méchants très méchants devraient enfin devenir adultes et oublier leurs fables pour faibles d’esprit. Pour finir par comprendre que cette guerre n’est pas un conflit opposant la Russie et l’Ukraine, mais une guerre entre l’Otan et la Russie, par Ukraine interposée. Et que ceux qui en font les frais sont avant tout les jeunes ukrainiens, dont les belles âmes BHL-esques, tout à leur célébration des « droits de l’Homme » occidentaux pour étancher leur bonne conscience comme les bigotes d’hier allaient à confesse, semblent se moquer comme de leur première chemise blanche. Toute une génération engloutie dans la glaise du Donbass pour satisfaire la vanité de petits comédiens narcissiques, marionnettes d’un impérialisme américain qui semble n’avoir qu’un seul objectif : organiser une troisième guerre mondiale pour restaurer son influence mise à mal par l’émancipation d’un Sud global, qui refuse désormais de se plier aux diktats de Washington.

            Ici aussi, les masques doivent tomber : ceux qui, pris de bouffées délirantes BHL-esques (mais lui a au moins l’excuse d’en faire un juteux fonds de commerce depuis un demi-siècle) croient (encore une fois, seuls l’irrationnel et le pur dogmatisme animent ces fanatiques belliqueux, éternels donneurs de leçons si pétris de politesse qu’ils n’hésitent jamais à céder leur place aux autres quand il s’agit d’aller au casse-pipe) que le Donbass est à Poutine ce que les Sudètes furent à Hitler devraient abandonner la lecture du Point pour se plonger sans délai dans La défaite de l’Occident d’Emmanuel Todd. Ils comprendraient alors que leurs gesticulations outrées ne servent qu’à alimenter les charniers du Donbass. Lénine aurait parlé d’« idiots utiles du système ». Utiles, c’est à voir, mais, une fois encore, criminels, à n’en pas douter.