Européennes 2024 : Réponses aux sollicitations

Questions de l'Académie des Sciences - 22 mai 2024

A) Thème énergie (Réponse de François Graner – n° 71) :

1. Dans le cadre de la trajectoire vers une énergie bas-carbone, quelle place accordez-vous aux énergies renouvelables (hydraulique, solaire et éolien) et au nucléaire dans le mix énergétique de l’Europe – et dans celui de notre pays – à horizon 2050 ?

Il y a d’abord une réponse générale (qui concerne aussi la question sur l’hydrogène). Disposer d’énergie, c’est pouvoir agir sur le monde. Pour préserver une qualité de vie pour le maximum de personnes sur la planète, et préserver globalement le vivant, ce dont nous avons besoin actuellement c’est de décroître notre consommation d’énergie et de matière. Et plus généralement de décroître la taille et la puissance des activités humaines à l’échelle de la planète. 

Cela peut se faire en agissant à la fois sur l’offre : diminuer l’extraction des ressources et la production d’énergie ; et sur la demande : faire des politiques et des incitations culturelles pour cesser la course à la consommation. Par exemple, la question n’est pas de comment passer de la voiture à essence à la voiture électrique, ce qui a uniquement comme effet de donner bonne conscience aux consommateurs et d’augmenter massivement nos impacts sur la planète. Il faut une vraie politique de soutien et d’incitation à l’énergie musculaire et donc au vélo. 

Donc, pour répondre spécifiquement à la question posée : Tout discours centré sur le carbone uniquement est incomplet: il faut raisonner globalement en énergie, matière et environnement. De même que tout discours qui s’intéresse à la part relative de chaque énergie dans le mix est incomplet : la question fondamentale est celle de la consommation totale d’énergie au niveau de la planète. En ce sens, la question posée est doublement incomplète, et biaise la réflexion. 

Dans ce cadre, nous souhaitons promouvoir des énergies pas seulement renouvelables mais surtout durables, c’est-à-dire avec un faible impact sur les matières et l’environnement, en faible quantité, et à faible puissance. En ce sens le nucléaire n’est pas plus souhaitable que les fossiles. Certes il émet moins de carbone dans sa phase de production (et même, en un sens, dans son cycle de vie total), mais l’émission de carbone ne peut pas être le seul guide pour le choix d’une énergie. Et l’hydraulique, l’éolien, le solaire sont certes renouvelables, mais pas durables du fait de leur impact sur les matières et l’environnement, dans les conditions de production actuelles. Ils n’ont d’intérêt que si c’est pour stabiliser, puis faire décroître de façon très importante la consommation totale d’énergie. 

2. Comment envisagez-vous l’utilisation de l’hydrogène comme porteur d’énergie en Europe à l’horizon 2050 ?

Pour répondre spécifiquement à la question posée : l’expression « l’hydrogène comme porteur d’énergie » recouvre plusieurs réalités très différentes :
– Premièrement, l’hydrogène natif que l’on récupère dans la nature et qu’on utilise comme source d’énergie. Cela a beaucoup d’avantages, mais les quantités sont ridicules.
– Deuxièmement, l’hydrogène comme stockage d’énergie: on utilise de l’énergie pour préparer de l’hydrogène, qu’on stocke et qu’on utilise plus tard comme source d’énergie. Ca peut être intéressant quand on a des sources d’énergie intermittentes (éolien, solaire), et cela peut soulager la pression sur le lithium et autres matériaux utilisés pour les batteries, mais cela met là aussi une grosse pression sur les matériaux. 
– Troisièmement, les projets de fusion de l’hydrogène: ITER est un projet démesuré, dont on peut espérer un prototype mais pas une industrialisation pertinente en 2050. Probablement même jamais, puisque les matériaux qui constitueraient l’enveloppe d’une éventuelle centrale électrique à fusion seraient tellement irradiés qu’il faudrait les renouveler fréquemment, au point que les temps d’arrêt de la centrale seraient bien plus importants que ses temps de fonctionnement. 

Le point commun à ces trois axes est qu’ils ont comme effet principal de donner bonne conscience aux consommateurs et d’augmenter massivement nos impacts sur la planète. Or en réalité, ce dont nous avons besoin actuellement c’est de décroître notre consommation d’énergie et de matière. Et plus généralement de décroître la taille et la puissance des activités humaines à l’échelle de la planète. Y compris en faisant décroître l’offre et la demande d’énergie.

A) Thème agriculture et nature (Réponse de Marie Noële Stephan – n° 2) :

1. Comment considérez-vous les nouvelles techniques génomiques (NGT en anglais) pour leur utilisation agronomique, en particulier par rapport aux techniques de transgenèse utilisées antérieurement et regroupées sous le terme d’OGM ?

Dans la mesure où tout un panel d’agriculteurs cultivent leurs terres en respectant la vie du sol, élèvent leurs bêtes, à l’aide de techniques éprouvées, de partenariats avec des collaborateurs auxiliaires de culture tels insectes, oiseaux, mammifères et complantation, sans avoir recours à des OGM, et produisant de quoi nourrir toute la population, il n’y a aucune raison d’y recourir.

Continuer la recherche dans ce domaine est une perte de temps et d’argent. Les techniques de mutagenèse, au niveau moléculaire, quelles que soient les méthodes utilisées sont des atteintes à l’intégrité du vivant et ne sauraient se justifier. Ni les OGM introduits il y a plus de vingt ans, ou les nouvelles techniques Crispr-Cas9, ou knockdown, ou analogue synthétique ARN double-brin, ou autre NPBT ne sauraient être utilisées. Ces recherches ne servent qu’à justifier la recherche et une curiosité addictive du chercheur de plus en plus malsaine. Les investissements financiers considérables, tant privés que publics, consacrés à ces recherches sont totalement insensés, peut-être est-ce là la raison de cet acharnement, mais on ne saurait tout expliquer par le mythe du savant fou. Depuis quelques 150 ans, après avoir considérablement appauvri la biodiversité agroécologique, par des sélections de races et de variétés dédiées, en faisant disparaître les races locales et les variétés population, ainsi que les races et variétés patiemment sélectionnées depuis des millénaires, inventé les plantes hybrides, créé des espèces dont parfois seul un gêne diffère de l’original, répandu dans les pays moins regardant les chimères en tous genres, décidé à la place de l’agriculteur, l’entraînant par ses conseils sur une pente fatale, une certaine science, la chimie et leur compère la finance, veulent maintenant créer des variétés « nouvelles », végétales, animales ou humaines.

Les nouvelles techniques génomiques pas plus que les techniques de transgenèse utilisées antérieurement ne sont acceptables. Anciennement appelées chimères, à savoir « créature fantastique malfaisante », c’est bien là, ce dont il s’agit. On ne saurait s’en prendre au vivant sans retour de bâton, à savoir sans risque de dérèglement majeur, mettant en péril l’alimentation mondiale et toute la structure de l’existence, par un élément de perturbation hasardeux. Les différentes interventions humaines ont accumulé jusqu’à présent les ratés. On a certes augmenté les rendements, mais en produisant des plantes pauvres en nutriments, fragiles, qu’il faut soigner comme de grands malades, détruisant également l’humus, et ensuite soigner les humains malades de les avoir ingérés. Les animaux nourris avec les mêmes aliments n’ont pas le temps d’être malades étant abattus avant que des affections se déclarent, poussés à une croissance accélérée. On a certes obtenu des protéines animales peu chères, mais au détriment du bien-être animal, et d’une qualité médiocre. Et, en parallèle on a créé des dysfonctionnements de la nature, tels que érosions des sols, prolifération des algues vertes, stérilisation et modification des appareils reproducteurs de certains animaux, diminution des spermatozoïdes chez l’homme, disparition de certaines espèces animales ou végétales.

On ne saurait continuer plus avant dans ce domaine, il en va de la structure des fondements de la vie.

L’éloignement de la vie du sol d’un très grand nombre de personnes, des décideurs ignares sur les sujets liés à l’agriculture et leurs conseillers trop souvent influencés par des lobbies, une éducation profane en biologie holistique des chercheurs et des décideurs, le canyon entre le citoyen et le scientifique, autorisent actuellement toutes les libertés de recherche, dans l’intérêt de quelques-uns au détriment de la plus grande partie de l’humanité, qui doit subir des assauts forcenés, et a si peu voix au chapitre. A l’opposé, des recherches ne se font pas, car peu intéressantes, peu gratifiantes, et faute de financement. La Vie est simplement mise de côté au profit de la vie en tubes.

Paix et décroissance souhaite une interaction entre la science et les citoyens, pour que la démocratie puisse entièrement jouer son rôle, au service de la Vie dans sa globalité.

Paix et Décroissance est totalement opposée à toutes les techniques de mutagenèse végétale, animale et humaine.

2. Quelles mesures préconisez-vous pour préserver la biodiversité à l’échelle européenne ?

Il ne s’agit pas seulement de préserver la biodiversité, il s’agit de la restaurer, car elle est déjà bien altérée. Les mesures que nous proposons sont celles proposées par l’agriculture paysanne, par l’agriculture biologique, par l’agroforesterie, par le bon sens.

Il s’agit de multiplier les variétés anciennes, les variétés population, les races locales. Il s’agit de planter des haies, de créer des mares, d’installer des corridors verts pour que les espèces puissent circuler et opérer un brassage génétique.

Certaines mesures européennes sont largement insuffisantes, et l’argent de la PAC qui doit servir à pallier aux manque de revenus d’un certain nombre d’agriculteurs, en raison des prix bas, liés à une volonté délibérée et à une concurrence féroce internationale, est très majoritairement mal répartie.

La nouvelle aide verte de la PAC 2023-2027 s’est-elle donné une ambition à la hauteur des enjeux ou est-ce encore de la mesurette ? Les mesures citées plus haut devraient être obligatoires, car ce ne sont pas le dimensionnement des machines, leur manipulation facilitée, la contrainte de l’obligation d’entretien des haies et la monoculture qui doivent prédominer, mais l’intérêt de toute l’humanité dans un écosystème préservé.

Au-delà de l’agriculture, la plantation d’arbres fruitiers ou d’arbres de rendement le long des routes européennes, le verdissement des villes, la réduction de la circulation automobile au profit des transports en commun et le redéploiement du fret de marchandises par camions vers le fret ferroviaire permettrait à la biodiversité de s’exprimer plus librement. Le versement de la PAC devrait être obligatoirement assorti de davantage de mesures de préservation ou restauration de la biodiversité, comme la réduction des surfaces de culture, entrecoupées de haies champêtres en bordure, de petites mares aux angles, par exemple.

Les fonds européens pourraient permettre le développement d’une éducation à la biodiversité, obligatoire durant toute la scolarité, dans tous les pays, prodiguée par des formateurs nature extérieurs au corps enseignant.

La transcription en droit européen, des lois nationales des pays les plus favorables à la protection de la biodiversité naturelle pour, ensuite les transposer à tous les pays de l’Union permettrait d’avancer dans ce domaine. Afin que ces avancées soient couronnées de succès, des congés de longue durée devraient être imposées aux lobbys privés.

C) Thème numérique (Réponse de Félix Zirgel – n°5)

1. Selon vous, quels bénéfices peut-on attendre de l’intelligence artificielle (IA) au niveau européen et quels sont les sujets de préoccupation qui doivent être pris en considération?

La liste que nous présentons aux élections européennes est issue d’un collectif de citoyen.ne.s qui cherche à apporter dans le débat public la notion de décroissance.  La décroissance est un concept politique, économique et social qui s’inscrit dans la mouvance technocritique.  Nous pensons, au nom des valeurs humanistes que nous défendons, qu’assimiler progrès technique et Progrès est une grave erreur. Si la technologie apporte des « bénéfices », n’oublions pas qu’elle est, par essence, ambivalente. Autrement dit ; quels préjudices sommes-nous prêts à accepter pour tel ou tel bénéfice ?

L’écologie nous oblige à re-penser, et donc, à faire usage de la raison. C’est pourquoi la question du  numérique est essentielle car elle incarne à elle seule tous les mirages qui nous font oublier les enjeux de notre temps. L’Intelligence Artificielle n’en est que le continuum et, à ce titre, porte très bien son nom. « La révolution numérique » ne pourrait pas se définir uniquement comme un ensemble de faits (l’invention de l’ordinateur, l’apparition d’internet, etc.), mais aussi comme une construction idéologique, au même titre que « le progrès » (lire« Technocritiques » de l’historien François Jarrige, aux éditions La Découverte.).

Depuis son apparition, et bien loin d’apporter toutes ses promesses, le numérique n’a fait qu’accélérer les ravages écologiques (extractivisme forcené, accaparement de l’eau), amplifier les déséquilibres géopolitiques (prédations de multinationales, tensions stratégiques quant aux ressources menant aux conflits), remplacer l’humain par la machine (disparition des services publics notamment dans la santé et l’éducation) et détruire les liens sociaux et de transmissions garants de véritables savoirs.

L’Intelligence Artificielle est assurément un bond en avant, pour ne pas dire « une fuite en avant ». Elle apportera assurément ses grâces aux milieux économiques par l’accélération des dynamiques de gestion, d’organisation et de flux. Or ses corollaires seront désastreux. Comment prétendre obtenir des bénéfices d’une technologie dont nous ne maîtrisons rien, pour l’heure, à ses prémices ? Comment penser que nous pourrons lutter contre les émissions de carbone tout en décuplant les échanges marchands ? Passé la fascination, la réalité reprend le dessus et c’est scientifiquement que nous comprendrons qu’il n’y a pas de croissance infinie dans un monde fini. Non seulement cette technologie amplifiera les désastres en cours, mais nous forcera à détruire davantage nos milieux naturels à l’intérieur de nos frontières européennes, si l’on vise une chimérique indépendance quant aux métaux rares telle que la prône Thierry Breton. D’autant plus que ce gaspillage insensé en eau et en métaux est au service du cours-terme, étant donné que nous approchons déjà les limites physiques de ce que la terre peut nous offrir.

Nous appelons à un changement de vision radical. Il ne suffit pas d’espérer quelque avantage de cette technologie dite de pointe, et encore moins de l’aménager.  Pas plus que la voiture ne résoudra les problèmes qu’elle engendre, il n’y aura pas de bénéfices propres à l’Intelligence Artificielle, qui résoudront les problèmes gênants qu’elle devrait causer, ou plus académiquement, les sujets de préoccupation, traités comme des « défis » ou des « challenges ». Elle est un tournant qui concerne l’humanité toute entière. Soit nous l’accompagnons et, en cela, nous en sommes déjà les esclaves, ou nous refusons son outrecuidance, et reprenons ainsi au sérieux les idéaux de liberté et d’autonomie dont nos sociétés pourraient être dignes.

Qu’il s’agisse de l’environnement, de la santé, de l’éducation, des liens humains ou de la démocratie, il n’est pas un domaine où un bénéfice puisse être attendu de l’Intelligence Artificielle ; ils sont tous menacés déjà par le numérique dans son ensemble. Nos propositions vont donc dans le sens d’une prédominance accordée au vivant, à l’existant et pour ainsi dire au monde réel.

2. Comment envisagez-vous le partage et la protection des données personnelles au niveau européen, dans un monde numérique ?

Pour cette seconde question, il n’est pas nécessaire d’aller plus en avant. Est-il seulement souhaitable de vivre dans un monde numérique? Dans un monde « désintoxiqué » du numérique, de problèmes de protection de données personnelles il n’y aurait pas. Plus sérieusement, nous envisagerions en premier lieu d’éviter l’accélération de la numérisation du monde, en nous limitant et en mettant un frein aux différents projets d’identification numérique en cours. Au même titre qu’un lycée est capable de s’en retourner à ses vieux carnets de liaisons lors d’une cyberattaque, nous pensons que nos sociétés sont en mesure de se passer sereinement des dangers superflus qui se profilent déjà d’un horizon qu’on nous dit inévitable.

Nous mettrions un point d’honneur de cesser l’intrusion du numérique dans l’éducation, pour redonner valeur aux échanges humains et à la transmission, seuls garants de notre liberté, de notre égalité et de notre sécurité dans monde vivant mais surtout viable.

Nous vous invitons à lire notre texte concernant le numérique sur notre site internet ; https://www.decroissance-elections.fr/sur-le-numerique

(Bien entendu, la question du numérique est inséparable des autres questions, dont la géopolitique et nos rapports avec le reste du monde ; il va de soi que la décroissance dénonce la logique de concurrence invoquant perpétuellement la fatalité d’une course dont il faudrait être parmi les gagnants.)

Questions de la radio CFM - 24 mai 2024

(Réponse de François Verret – n°11)

Êtes-vous plutôt croissance verte, décroissance, post-croissance ou rien de tout cela?
Nous sommes résolument pour la Décroissance.
La croissance verte est un leurre qui n’entraine pas le changement culturel nécessaire à l’authentique transition écologique
La post-croissance est un concept flou qui permet de procrastiner  

Quelles seraient les premières lois écologiques que vous prôneriez au parlement?
– Un arrêt du financement de la guerre en Ukraine et le retour à des négociations pour aller vers un cessez-le-feu puis un apaisement durable des relations entre les peuples. Les politiques actuelles sont trop télécommandées par les marchants d’armes (entre autres), 
– Un vaste projet de relance de l’agriculture paysanne basé sur un modèle polyculture élevage avec une réorientation des aides de la PAC qui seraient alors tournées sur cet objectif,
– Un projet d’éradication des pesticides, OGM et autres artefacts (drones, robots…)  en agriculture qui détruisent le monde vivant,
– Un moratoire sur la consommation des espaces naturels et des terres agricoles sur l’ensemble du sol européen. 

Quelle formation avez-vous sur les enjeux environnementaux et sociaux?
Tous nos membres sont des militants dans divers causes écologiques et nombreux sont ceux qui œuvrent dans le domaine social.
Nous sommes sûrement la liste désintéressée la plus pertinente sur ces 2 sujets et qui accorde un importance majeure au lien entre ces deux enjeux. 

Avez-vous un référentiel documentaire ou un collège scientifique pour justifier ou pour faire valider vos propositions?
Nous n’avons pas de tel référentiel en interne car notre initiative est un collectif de citoyens désintéressés. Nous n’avons pas de gourou pseudo-scientifique qui développerait des théories personnelles comme on peut le voir dans certains groupes (notamment complotistes).  
Nous nous appuyons sur les études disponibles au grand public. 

Quelle est votre position vis-à- vis d’un projet comme celui des mega bassines, de la LGV ou de l’A69 (au choix)?
Nous sommes bien sûr opposés aux grands projets inutiles et imposés (GPII).
Les méga bassines sont un exemple d’accaparement des ressources au profit exclusif de quelques-uns au détriment des cycles naturels. Nous sommes favorables aux SFN (Solutions Fondées sur la Nature) pour répondre aux problèmes qui se posent.
LGV et A9 sont des projets qui servent le secteur du BTP et augmentent les besoins de déplacement car l’offre de moyens de transport faciles stimule la demande (aller à l’autre bout de la France pour un week-end par exemple, ce qui est un non sens si on étend un tel comportement à 8 milliards d’humains). Il faut donc réfléchir à réduire les besoins de transport, ce qui ne nuit pas au bonheur, voire même, au contraire ! 

Que pensez-vous de la désobéissance civile telle que pratiquée aujourd’hui dans le cadre de la protection de l’environnement?
C’est malheureusement très souvent la seule solution qui reste car les gouvernements restent sourds aux revendications tant que la violence n’est pas utilisée.
La désobéissance civile non-violente reste aujourd’hui la seule alternative efficace permettant d’obtenir des résultats sans violence.   

Comment vivez-vous que les médias donnent surtout la parole aux favoris des sondages (voire au Premier Ministre non candidat) et non à l’ensemble des listes candidates de manière équitable ?
C’est bien sûr un déni démocratique.
Cela dit, une élection avec 37 candidats pose aussi un problème pour que les courants de pensée restent audibles.
Se pose la question de savoir comment permettre l’expression démocratique tout en évitant la présence de listes trop nombreuses, farfelues ou trop étriquées (certaines listes n’ont pas de vision européenne, mais profite de l’espace médiatique pour défendre une cause unique, parfois sans lien avec l’Europe).   

La parole est à vous (succinctement, l’émission étant limitée à 20 minutes au total)
L’un des premiers problèmes semble être l’expression de la démocratie dans notre société actuelle
Toute tournée vers la représentativité, avec des professionnels de la politique qui pensent avant tout à leur carrière personnelle, cette démocratie échappe aux citoyens et conduit à une désaffection grandissante. 
Il faut revenir à une démocratie authentique avec un mix : des instances avec élus tirés au sort, des consultations type Convention Citoyenne pour le Climat (à noter les excellentes préconisations auxquelles cette instance était arrivée) et une déprofessionnalisation de la politique (limitation des mandats dans le temps et dans l’espace).   

Émission diffusée sur CFM Radio le 29 mai 2024 : https://www.cfmradio.fr/les-europeennes

 

Réponse au plaidoyer de l'ANPP - Association Nationale des Pôles et Pays : le retour du refoulé

(Réponse de Guillaume Faburel)

A l’occasion de ces élections européennes, l’Association Nationale des Pôles et Pays interpelle les listes en lice par un plaidoyer. Initiative salutaire tant la question des territoires et de leur capacité d’action est aujourd’hui partout traitée de manière secondaire, et que l’échelon européen nous maintient très largement dans le registre productiviste (avec PAC et Green Deal) tout comme les politiques mondialistes d’Etats continuent à donner le la de la croissance, du développement intensif et de l’aménagement par grands équipements.

Pôles et pays géographiques, voilà bien un échelon a priori un brin plus pertinent. Et ce d’autant que les missions dont se réclament l’ANPP, faiblement dotées convenons-en, offrent a priori des leviers essentiels face aux enjeux premiers, qu’ils soient économiques ou écologiques, culturels ou démocratiques : transition écologique, services à la population, animation économique, cadre de vie et gouvernance locale. Et pourtant, malgré cette intention et ces champs de missions, malgré l’interpellation signant a priori une belle ambition – celle a minima de mettre en débat – ce plaidoyer ressemble à s’y méprendre au retour du refoulé, pieds et poings liés qu’il est par tous les instruments juridico-marchands de l’Europe et des Etats, et par tous les dispositifs visant attractivité et concurrence de l’économie mondialisée. Sans jamais bien sûr remiser avec un peu d’ambitions tout ceci !

 

1/ Tout faire pour que rien ne change

Prenons les orientations défendues, et notamment le renforcement du projet européen. On y trouve quelques perles de radicalité : « Revoir les ambitions productivistes de la PAC pour recourir à une approche plus inclusive, diversifiée, écologique et équitable de la politique européenne », « Instaurer une juste rémunération des agriculteurs pour l’entretien des haies » ou encore « Renoncer aux traités internationaux de libre-échange » et plus prosaïquement « Assurer la provenance de produits locaux dans les restaurations collectives ». Voilà pour l’ambition. Louable au demeurant mais largement porteuse de non dits et d’impensés. Car, là où le bât blesse particulièrement, c’est le comment y parvenir, par quels « territoires de projet » et à quelle échelle ?

Pour ce faire, on parle alors de « relocalisation de l’économie, de l’agriculture et de l’industrie pour une souveraineté européenne en matière énergétique, numérique, agricole, alimentaire, industrielle, électronique et pharmaceutique… » sans jamais imaginer que cette échelle de relocalisation avec les modes de développement productiviste et extractiviste qu’on lui connaît, loin d’être le remède sont le poison. Et ce n’est pas « l’empreinte carbone comme critère discriminant dans les marchés publics », autre proposition, qui changera quoique ce soit, bien au contraire. L’enjeu qui devrait commander tous les autres est la régénération du vivant et le bien-vivre des populations, et non un étalon de mesure devenu le nouveau cheval de Troie technique de la croissance !

Et ce n’est pas non plus « la refonte et la simplification de la gouvernance européenne pour un modèle multi-niveaux », autre proposition, qui en serait la solution, inféodées que sont les localités à l’emprise croissanciste du développement européen tout entier (fonds, subventions, autorisations), mais qui se voudrait dorénavant relocalisé. Quelle naïveté de penser que le multi-niveaux pourrait s’instaurer sans affronter de telles hiérarchies et de tels rapports d’autorités nécessaires aux rendements et retours sur investissement. Comment ceux qui se réclament des pays géographiques, périmètres qui par leurs histoires et leurs terroirs, par leurs cultures et environnements seraient sans doute adaptés pour la déconcentration des productions, pour la dé-massification des agglomérations et la relocalisation visée, peuvent-ils également défendre « la réciprocité proposée entre territoires ruraux et urbains » et à ce point négliger le fait que l’urbain a historiquement fait toutes les ruralités à sa main (l’agriculture intensive en étant un des visages premiers). La réciprocité est un leurre si l’on ne revoit pas fondamentalement l’ordre économique qui en est le viatique.

Bref, tout faire pour que, finalement, rien ne change. Continuons dans le modèle de croissance et de développement (métropolitain), mais bien sûr relocalisé ! Le tout en croyant sans rien changer à la régulation face à la dévastation du vivant par le fameux modèle d’attractivité.

 

2/ Restons dans l’incurie

Poursuivons sur le comment, avec cette fois ci des propositions sur des outils prétendument « adaptées à une véritable et ambitieuse politique européenne pour les territoires » :

  • « Renforcer le Pacte Vert européen» :
  • Celui qui est en train de convertir les terres à la massification des productions (agricoles et énergétiques), sans aucune garantie quant à la santé et à la biodiversité, comme aux conditions dignes de vie et à la pérennité des paysages, des paysanneries, et ce faisant des pays !
  • « Assurer une meilleure place aux acteurs locaux dans la définition de la politique de cohésion et de développement local mené par eux» ?
  • En acceptant par exemple de voir le nombre de pays géographiques fondre comme neige au soleil (passés de 496 à 313 en quelques années, et cela va continuer), en raison des politiques de fusion forcées par un Etat qui ne jure que par la grosseur pour la conquête de marchés… européens ?
  • « Maintenir le financement de l’ingénierie publique territoriale de projet» ?
  • Et se soumettre à l’ordre juridico-marchand de la norme globalisée et de la spécialisation technique des savoirs d’autorité, alors même que les savoirs des acteurs locaux et plus encore des habitants ont sans doute bien plus de pertinence que les cabinets conseils et lobbys face aux enjeux qui gouvernent au devenir des sociétés dites modernes ?
  • « Instaurer un moratoire sur l’inflation normative» ?
  • Sans aucune décentralisation des pouvoirs de régulation et d’action, c’est le libéralisme qui ressortira gagnant de ce choc de simplification crapuleusement imposé par les pouvoirs industriels (récemment des mondes agricoles)

Voilà pour l’impensé et donc l’incurie. Comme déjà dit, sans remise en cause des pouvoirs du capital et leurs bases productivistes, de leurs savoirs techniques et de leurs relais juridiques, rien n’adviendra de tout cela, si ce n’est la bonne conscience de proposer des fins un peu radicalisés sans ne changer aucune règle du jeu économico-politique.

 

3/ Du déni et l’aporie 

Dès lors, logiquement, le plaidoyer se termine sur les propositions relatives à la démocratie. Et là cela en devient carrément inquiétant. Sur un sujet, oh combien essentiel tant le sentiment de défiance vis-à-vis des cadres et fonctionnements démocratiques est patent, et que l’échelon européen et ses échéances y participent allégrement, voici ce qui est proposé pour  « Rapprocher l’union européenne des citoyens et des territoires » :

  • Une consultation dématérialisée, des campagnes de communication et des jours fériés
  • Une coopération inter-territoriale comme principe et espace de concertation

Tout ceci est, bien sûr, tout à fait à la hauteur des enjeux démocratiques, ceux de la défiance et de la désaffiliation, singulièrement à l’endroit des institutions et autorités européennes.

Sans déconcentration ni décentralisation, sans autonomisation et démocratie directe exercée par les communautés de vie et leurs solidarités… aucune mutation territoriale et écologique, ni même souffle démocratique dignes de ce nom n’adviendront. Toute consultation dématérialisée cherche à re-légitimer l’ordre installé (qui a déjà vu une consultation changer les règles du pouvoir et les orientations de la décision ?) lorsque toute campagne de communication vise à distiller la bonne parole sans implication véritable des premiers concernés sur les nouvelles orientations à trouver.

Bref, au mieux, cela ne changera rien face aux enjeux telluriques auxquels nous sommes confrontés, au pire cela participe très directement à la démocratie d’élevage qui a souvent accompagné dans l’histoire récente les crispations d’autorité de régimes clairement à l’agonie. Les orientations préconisées font que, ici aussi, la coopération préconisée comme la concertation proposée resteront aux mains de celles et ceux qui ne jurent que par le même mantra, du haut vers le bas : le développement à tout prix. Voilà pour le déni, et l’aporie.

 

4/ De quelques propositions décroissantes : biorégions autonomes, relocalisation des écologies de vie, démocratie directe

En fait, que pouvait-on attendre d’autre de l’association des Pays ou Pôle d’Equilibre Territorial et Rural lorsque :

  • un tel acteur se dénomme « Territoire de projet» et vise à la fédération de toutes les institutions locales (totalement dépendantes des logiques d’Etat), à la coopération entre intercommunalités (qui soutirent aux localités le peu de légitimité citoyenne qui leur restait),
  • pour ainsi faire émerger, avec les « forces vives du territoire», des projets locaux à l’échelle de « bassins d’emplois » par tous les outils technico-juridiques du moment (avec développement durable, transition et résilience pour faire bonne figure) ainsi que Conseils de « développement » et « Conférence » des maires.

Tous les mots de la logomachie néolibérale sont ici réunis, alors même que, historiquement, les pays sont bien des espaces de cohésion géographique, économique, culturelle et/ou sociale, ayant en théorie, par leur histoire justement, une expérience et ce faisant une légitimité pouvant s’engager un peu vigoureusement et selon bien d’autres procédés dans une véritable relocalisation. Non pas celle de la redistribution industrielle et de la Big Tech, non pas celle de l’accroissement des rendements pour des produits ultra-transformés grâce à l’extension des exploitations agricoles ou du tourisme champêtre et de la nature bucolisée pour visiteurs surmenés… mais celle visant, en relocalisant justement, à poser ostensiblement les questions premières :

  • revoir nos besoins et défendre l’autosubsistance,
  • interroger nos modes de vie et de leurs effets écologiques
  • développer un droit à la vie locale et à la démocratie directe des communautés de vie…

Bref, enfin poser la question de la décroissance nécessaire face au dépassement de toutes les limites planétaires et de l’invivabilité annoncée à 20 ou 30 ans principalement des grandes densités.

 

Réponse au site Bigorre.org sur le projet de politique culturelle européenne

(Réponse de François Rosolato – N°59)

Doit-on aller vers une politique culturelle Européenne commune ?

Dans la mesure ou la mutualisation des moyens permet à des projets locaux d’émerger, une politique culturelle au niveau Européen devrait lutter contre l’homogénéisation de la production culturelle, et ne pas laisser le marché orienter cette production..

Doit-on parler d’exception culturelle française au sein de l’Europe ?

On peut parler d’une exception, malheureusement travaillée intérieurement par la compétitivité.

Quel regard avez-vous sur l’action du parlement européen sortant dans le domaine culturel ?

L’orientation à sens unique d’une bureaucratie tatillonne vers des citoyens mis en demeure de répondre à ses propres critères, empêche ces derniers de faire valoir leurs propositions. En provoquant l’extinction des véritables désirs, elle contribue à une homogénéisation culturelle dommageable.

Est-ce que vous soutenez le programme « Europe créative » (2021-2027)

La convivialité, la simplicité, ne sont malheureusement pas au programme de EUROPE CRÉATIVE.

Quelle doit être l’action de l’UE pour favoriser la création culturelle européenne et sa diffusion ?

L’action de l’UE doit se recentrer sur le local et la convivialité. Les différentes langues de l’UE, régionales ou nationales, doivent exister à travers des aides à la traduction, au sous-titrage ou au sur-titrage des spectacles vivants. La politique culturelle de l’UE doit avoir comme objectif de rétablir le débat dans des sociétés qui éprouvent de plus en plus de difficulté à dialoguer, à se confronter à l’opinion de l’autre.

Quelle doit être l’action de l’UE pour favoriser l’accès à la culture des citoyens européens ?

Favoriser les manifestations locales, conviviales, tout en favorisant des invitations à l’échange entre cultures. Face à la mainmise d’acteurs économiques sur la production d’œuvres, l’UE doit préserver un espace alternatif, libéré de la publicité et de son incitation à la consommation.

Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE ?

L’action culturelle doit rester indépendante de la politique économique.

Est-ce que l’action culturelle de l’UE est assez visible par les citoyens européens ?

Les citoyens n’ont pas la moindre idée de la politique culturelle Européenne, car elle ne s’est pas incarnée au niveau local.

Réponse sur OMS et pandémies

(Réponse de Pascal Halary – N°13)

Notre liste, qui vise l’instauration de bio-régions européennes à taille humaine aux activités relocalisées à forte valeur écologique est radicalement hostile à toutes les structures supranationales hors contrôle d’une démocratie citoyenne.

C’est pour cela que nous militons en faveur de la sortie de l’UE et de l’OTAN. Dans cette logique, nous sommes non seulement opposés à la signature de l’accord en question, mais nous pensons également qu’une sortie de notre pays de l’OMS est de toute première nécessité.

Plusieurs raisons à cela, la première étant, comme vous le mentionnez dans votre document, que l’OMS est majoritairement financée par des intérêts privés.
Mais nous allons plus loin en affirmant que, comme l’atteste le scandale des mails échangés entre Mme von der Leyen et M. Bourla, PDG de Pfizer, ayant débouché sur l’achat de doses de l’injection expérimentale ARN messager à hauteur de 35 milliards d’euros sur les recommandations de l’OMS, c’est non seulement l’opacité, mais aussi la corruption qui gangrènent ces organisations qui agissent dans le double intérêt des multinationales pharmaceutiques et des États complices auxquels des instruments de coercition sur leurs populations sont offerts (ainsi le « choix » entre une assignation à résidence appelée « confinement » ou le consentement à une injection avec une substance expérimentale).

A l’opposé de cela, nous revendiquons également le libre choix vaccinal et le refus de toute politique « sanitaire » étatique ou supra-étatique à caractère obligatoire et contraignant et, sur ce point également, favorisons la relocalisation d’une médecine de proximité, avec entière liberté de soins donnée au médecin traitant et au patient.
Dans ce cadre, la suppression d’une organisation comme le conseil de l’Ordre des Médecins, dont la nuisance envers la liberté de traitement à été flagrante lors de l’épidémie de Covid, devrait également être discutée.