Le propre de la propagande

Le propre de la propagande, c’est qu’elle a des effets systémiques irréversibles : faites de la propagande, il en restera toujours quelque chose. Les analystes géopolitiques notent que « Les États et les entreprises géantes de l’internet développent des capacités de contrôle des esprits qui peuvent déboucher sur des confrontations violentes » (JM Guéhénno, 2021 in La décroissance, sept 2023).


            Ainsi, alors que le conflit en Ukraine ressemble furieusement (« presque », d’après Kissinger) à la 1ère guerre mondiale – de l’attentat de Sarajevo à la mise en marche de la machinerie des alliances, de la guerre de tranchées à la diabolisation d’un Kaiser etc.. -, la propagande à réussi à faire croire qu’elle ressemblait à la seconde guerre, d’où les références aux accords de Munich en 1938, aux Sudètes, etc… répétées en boucle. Avec cet argument : on ne peut pas faire la Paix avec Hitler, n’est-ce pas ? Et le tour est joué.


Trois jours avant le conflit


            Le président français, en direct à la télévision sur plusieurs chaînes avec le président russe, opposait une fin de non recevoir d’un air désolé aux trois revendications russes (neutralité de l’Ukraine, reconnaissance de la Crimée et autonomie du Donbass). On avait alors l’impression que celles-ci n’étaient pas inacceptables au point de déclencher une guerre. Et normalement, un nombre élevé de Françaises et de Français a dû s’en rendre compte. Que s’est-il passé pour l’oublier ?


Les raisons de la guerre


            Dès le déclenchement de l’attaque russe, les raisons de la guerre ont été totalement évacuées : il ne s’agissait plus que de résister à une barbarie sans nom, comme en 40-45 ; le régime politique russe, qui n’était pas du tout une cause de conflit (imaginerait-on faire la guerre à l’Inde, à la Turquie ou à l’Arabie Saoudite à cause de leurs régimes politiques ?) le devient subitement : ce fut le supplément d’âme apporté à la guerre par la gauche, les écologistes et les libéraux.


Plus de Jaurès !


            Ceux qui savaient que l’Otan encerclait la Russie depuis 2008 au moins, et attaquait en Ukraine depuis 2014, ont dû raser les murs pire qu’en 14 ; cette fois il n’y pas eu besoin d’assassiner de Jaurès, il n’y en avait pas ! (un effet d’une « pensée stratégique » généralisée chez les élites, probablement). On diabolise le chef de l’ennemi pour ne pas voir que c’est tout un peuple russe qui est en guerre pour se défendre, du moins le croit-il ; et nous, depuis nos canapés, on juge du bien et du mal, avec des images de propagande sélectionnées par l’Otan (depuis 1968), en envoyant les Ukrainiens se battre à notre place, tout de même !


            La propagande peut même raconter n’importe quoi sans problème : souvent c’est « les Russes seront demain à Berlin et à Paris si on les laisse faire dans le Donbass » mais c’est aussi souvent complètement le contraire : « l’Otan est 23 fois plus fort militairement que la Russie » (Le Point, août 2023) ; profitons-en pour obtenir un changement de régime en Russie, qui ouvre la voie aux immenses ressources de l’Asie centrale dont on aurait bien besoin pour pouvoir continuer à vivre sans rien changer à nos habitudes.


 Une guerre évitable


            Notre analyse est que c’était une guerre largement évitable et que s’il y a guerre, c’est parce que ceux qui tiennent le pouvoir et les médias – l’oligarchie donc – la souhaitaient, sans transition, à la suite d’une guerre contre un virus qui avait prouvé l’efficacité de la propagande.


            Selon nous, l’oligarchie a compris qu’elle ne pourra pas fuir la planète qu’elle détruit ; elle a alors tout intérêt à créer des sociétés mobilisées par des guerres, sous n’importe quel prétexte, pour mieux contrôler ses propres populations ; à cause d’une concurrence féroce entre eux, les journalistes font alors de la surenchère guerrière qui contamine toute la population, résistant cependant mieux que les élites au bourrage de crâne : 38 % des Français sont contre l’envoi d’armes en Ukraine (Sondage Ipsos du 18 février 2024) alors que 99% des journalistes y sont favorables.