Energie

Dégâts des lieux

L’énergie représente seulement 2% du PIB mais sans elle c’est toute l’économie qui s’effondre (1). C’est dire que le risque est grand de ne pas lui accorder l’attention qu’elle mérite.

La consommation d’énergie primaire en 2019 a été de 249 Mtep (2890 TWh) (1) soit une puissance moyenne de 5 kW par français (l’équivalent de 50 cyclistes pédalant à 20 km/h non-stop). Il n’y a aucune baisse significative de la consommation d’énergie depuis 30 ans.

Un tiers de l’énergie primaire est dissipée en pure perte pendant la transformation, le transport ou la distribution. Ce qui reste est la consommation d’énergie finale soit 142 Mtep (1). Cette énergie finale est constituée d’électricité pour 25% (dont 18 % d’origine nucléaire), le reste est d’origine fossile, essentiellement du pétrole utilisé pour le transport et l’industrie, du gaz et un peu de charbon (2).

L’énergie finale est utilisée ainsi :
   • Transport : 45 Mtep (32%)
   • Résidentiel – tertiaire : 65 Mtep (46%)
   • Industrie : 27 Mtep (19%)
   • Agriculture et pêche : 4 Mtep (3%)

Cette consommation d’énergie a des conséquences bien concrètes :

• Sur le climat
320 millions de tonnes de CO2 en 2019 soit 70% des émissions de gaz à effet de serre du pays (3). C’est dire que la réduction de notre consommation énergétique est le principal levier pour atteindre notre objectif de baisser de 40% nos émissions d’ici 2030.

• Sur la qualité de l’air
La pollution de l’air tue prématurément près de 100 000 personnes en France (4) et coûte 100 milliards d’euros (5) soit plus de deux fois la facture énergétique du pays (44 milliards d’euros en 2019).

• Sur le portefeuille des français
Le coût annuel pour les ménages était de 3100 € environ en 2019 (1). Les ménages les plus modestes souffrent de précarité énergétique : La part de leur revenu consacrée au chauffage de leur logement est plus de deux fois celles des ménages plus aisés (6).

Énergie nucléaire :

La France s’enorgueillit de son « patrimoine » nucléaire pour lutter contre le dérèglement climatique. De fait l’énergie nucléaire génère en théorie moins de CO2 que les énergies fossiles mais si l’on considère le cycle complet, le bilan carbone n’est pas négligeable (extraction et transport de l’uranium, acier des cuves, béton des enceintes, transport du personnel, etc.). Et cette addiction à l’énergie nucléaire n’est pas sans conséquences :

Risques
   – Deux accidents nucléaires se sont produits en France, à la centrale de Saint Laurent des Eaux en octobre 1969 et mars 1980 (7). Ils ont conduit à la fusion d’une partie du cœur et à des rejets dans la Loire. On déplore aussi des centaines d’incidents chaque année (8) comme à la centrale du Blayais lors de la tempête de décembre 1999. L’infaillibilité des centrales nucléaires françaises est donc un mythe. L’ancien Président de l’IRSN a reconnu en 2012 que l’accident majeur était possible et que son coût serait astronomique (un cinquième du PIB).

• Déchets
   – 30 000 m3 des déchets nucléaires s’accumulent chaque année et constituent un véritable casse-tête. À fin 2018 la France a un stock de 1 640 000 m3 de déchets dont les 9 % les plus dangereux vont nous encombrer pendant des milliers d’années et n’ont pas de solution de stockage satisfaisante (9). Ce sont :
        > HA : Les déchets de Haute Activité (0,2% du volume)
        > MA-VL : Les déchets de Moyenne Activité et Vie Longue vie (2,9% du volume)
        > FA-VL : Les déchets de Faible Activité et Vie Longue (5,9% du volume)
   – Le projet de stockage géologique CIGEO qui pourrait couter 30 milliards d’euros rencontre à juste titre beaucoup d’opposition malgré les efforts pour le faire accepter (10) (11).

Démantèlement des centrales
Là aussi un problème insoluble, par exemple à Brennilis dans le Finistère, le démantèlement complet de la centrale nucléaire n’est pas prévu avant 2039 soit près de cinquante-cinq ans après l’arrêt de toute production d’électricité sur le site (12).  Mais il ne s’agit que du « retour à l’herbe ». Les problèmes de la très grande quantité de déchets nucléaires à gérer et de la dépollution du sol restent entiers.

Nouvelles technologies :

Beaucoup d’espoirs sont mis dans les nouvelles technologies : énergies renouvelables, hydrogène, capture du carbone mais comme l’a écrit Murray Bookchin, il est nécessaire de s’intéresser à la finalité de la technologie plutôt qu’à la technologie elle-même. Autrement dit, on ne peut pas résoudre les problèmes posés par la technique avec de la technique, car le problème central est culturel. 

Ainsi, à quoi bon des éoliennes qui défigurent le paysage et dont les pales gigantesques ne sont pas recyclables ou des panneaux solaires dont la production est polluante si c’est pour alimenter des panneaux publicitaires dans les stations de métro (13) ou pour alimenter un écran géant de 7500 m3 comme dans le centre commercial The Place à Beijing (14). Et pourquoi pas l’hydrogène mais n’oublions pas que stocker et déstocker de l’énergie électrique sous forme d’hydrogène revient à en perdre les deux tiers à cause des rendements (15).

Repenser notre consommation pour réduire les besoins énergétiques

La seule énergie vraiment propre est celle qu’on ne consomme pas. Il est possible de réduire notre consommation de 40% d’ici 2030 et de 80% d’ici 2050 comme la France s’y est engagé et surtout comme c’est nécessaire pour ne pas dépasser les limites qui nous conduiraient à un emballement climatique catastrophique.

Il est aussi possible de produire ce qu’il reste de façon plus démocratique et moins nocive pour l’environnement.

Nos propositions

Consommer des énergies fossiles, ce n’est pas seulement acheter la possibilité de se chauffer ou de se déplacer, c’est aussi et surtout acheter le droit de polluer l’air et de dérégler le climat. L’enjeu de la décroissance est de réorganiser la société autour de la sobriété pour rendre possible une baisse radicale de cette consommation.  

Ici nous regarderons plutôt la production car la consommation est traitée dans les GT transports, logement et développement économique. Nous ne traiterons ni de la réorganisation de la société autour de la sobriété ni de la tarification progressive.

Une production décentralisée

Il convient de donner aux territoires du pouvoir en ce qui concerne la production et la distribution de l’énergie.

• Eolien domestique
• Solaires thermiques
• Micro centrales hydrauliques

Une production 100% renouvelable

Malgré l’intermittence des énergies renouvelables (variabilité du vent et de l’ensoleillement), la faisabilité technique d’une production 100% renouvelable a été établie en Allemagne (projet Kombikraftwerk) et par l’Ademe (16). En attendant de mettre en œuvre à l’échelle nécessaire les solutions sûres, fiables et reproductibles considérées dans ces études, il est nécessaire de définir démocratiquement les secteurs ne tolérant pas les intermittences (santé, transport…) et ceux qui devront les accepter (résidentiel, …).

Arrêt du nucléaire.

Le nucléaire et les grands réseaux électriques ont été imposés au niveau national par l’État central. Les régions se sont vues imposer des réacteurs nucléaires, souvent en achetant les voix des élus locaux. Le nucléaire n’est pas indispensable pour atteindre la neutralité carbone et il faut donc lancer le grand chantier de l’arrêt du nucléaire et de la gestion sur le très long terme de son encombrant legs.

Liste des références

(1) L’énergie primaire en France
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-11/datalab_70_chiffres_cles_energie_edition_2020_septembre2020_1.pdf

(2) L’énergie finale en France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Énergie_en_France

(3) Émissions de gaz à effet de serre en France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Émissions_de_gaz_à_effet_de_serre_en_France

(4) décès dus à la pollution de l’air
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/09/un-deces-sur-cinq-dans-le-monde-serait-lie-a-la-pollution-de-l-air_6069304_3244.html

(5) coût de la pollution de l’air
https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/15/la-pollution-de-l-air-coute-chaque-annee-101-3-milliards-d-euros-a-la-france_4683432_3244.html

(6) précarité énergétique
https://www.ademe.fr/expertises/batiment/quoi-parle-t/precarite-energetique

(7) accidents nucléaires de Saint-Laurent-Des-Eaux
https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucléaire_de_Saint-Laurent-des-Eaux

(8) Des incidents et accidents nucléaires partout
https://www.sortirdunucleaire.org/Nucleaire-des-accidents-partout

(9) Inventaire des déchets nucléaires
https://www.andra.fr/les-dechets-radioactifs/tout-comprendre-sur-la-radioactivite/inventaire

(10) projet Cigéo – la publicité
https://www.cigeo.gouv.fr

(11) projet Cigéo – l’opposition
http://burestop.free.fr/spip/

(12) la centrale de Brennilis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Site_nucléaire_de_Brennilis

(13) consommation des panneaux publicitaires
https://reporterre.net/Les-panneaux-publicitaires-numeriques-envahissent-l-espace-public-et-nos-esprits

(14) le plus grand écran du monde à Beijing
https://www.alamyimages.fr/photo-image-la-chine-beijing-le-plus-grand-ecran-led-au-monde-est-de-250-m-de-long-et-30m-de-large-il-fait-partie-de-la-place-shopping-mall-et-peut-23519091.html

(15) rendement de la conversion de l’électricité en hydrogène
https://www.afhypac.org/actualites/articles/decryptage-faut-il-abandonner-le-vehicule-a-hydrogene-en-raison-de-son-rendement-energetique-1682/

(16) rapport Ademe « UN MIX ÉLECTRIQUE 100 % RENOUVELABLE ? »  
 https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2017-07/1510_rapport_ademe_mix_electrique_100_renouvelable.pdf