Fracture numérique
Dégâts des lieux
L’impact écologique :
Ressources épuisables ou épuisées, nécessité permanente de créations d’infrastructures, la voracité en énergie des centres de données, impact des ondes sur le vivant en général, l’envoi de satellites qui effacent nos étoiles, consommation accrue en énergie électrique, etc.
L’atteinte à la liberté et à la démocratie :
Non seulement il y a monopole de l’outil par les géants du numériques, censure, collecte des données personnelles, dérive techno-autoritaire – si présent dans l’imaginaire (1984, Aldous Huxley, Black Mirror), mais il y a aussi « obligation pour certains usages d’avoir un accès internet (télédéclaration des impôts, consultation du cahier de texte à l’école) ou un téléphone portable (renseignement souvent obligatoire dans les formulaires).
Accélération et artificialisation des rapports humains :
Perturbation du développement chez l’enfant, hyperactivité, troubles de l’apprentissage, troubles du comportement, transfert de certains services intégralement en ligne (service après-vente, banque ou assurance, etc.)
Problèmes économiques et sociaux :
Guerres multilatérales liées à l’accès aux ressources nécessaires pour les outils numériques et nombre ahurissant de victimes –> Congo, Centre-Afrique
Pour une décroissance de la fracture numérique
En quoi la réduction de la fracture numérique peut-elle être un objectif de la décroissance ?
• D’un côté, nous devons être favorables à cette réduction qui est un cas particulier de réductions des inégalités (entre citoyens, entre territoires),
• D’un autre côté, la réduction de cette fracture ne fera que renforcer L’emprise numérique (Cédric Biaggini), que nous combattons,
• Du coup, nous nous retrouvons à courir derrière une fracture numérique que nous ne pourrions réduire qu’en collaborant à la connectivité généralisée (et à cause de ce que Bernard Stiegler nomme « disruption » → le train du numérique va toujours plus vite et nous arrivons toujours en gare quand le train est déjà passé…).
D’autant que ce qui est présenté comme une « réduction » (de la fracture numérique) est en réalité une « extension » (de l’emprise numérique) : l’équipement actuel est déjà intenable du point de vue des ressources, ce que Fabrice Flipo appelle « la face cachée du numérique » (http://www.fondationecolo.org/blog/Note-de-la-FEP-23-La-face-cachee-du-numerique). Il y a donc une deuxième fracture numérique, qui ne vient pas d’un manque de connectivité, mais au contraire d’un trop plein de connectivité pour tous ceux dont les écrans sont la seule distraction.
Propositions : pour des droits à la déconnexion
Ces droits devraient s’exercer suivant 3 dimensions : territoriales, temporelles et administratives.
1- Déconnexion territoriale : POUR DES RÉSERVES BLANCHES. Une « réserve », c’est un territoire sans connexion = une zone volontairement « blanche ». Non seulement préserver celles qui existent de fait déjà mais étendre le principe à toutes les zones de protection naturelle.
2- Déconnexion temporelle : POUR UN DROIT A LA DÉCONNEXION
• Travail : Il existe déjà dans le code du travail, mais n’offre pas véritablement d’alternative au numérique. Ce « droit » pourrait intéresser et fédérer nombre de députés de tous bords, et peser surtout comme un symbole. Contre le détour sécuritaire de la loi globale, la toute puissance des Gafam, l’obligation de s’équiper sans consentement, etc. En le présentant avant tout comme droit premier et inaliénable, ce serait une autre manière d’aborder la lutte contre le tout numérique en faisant références aux droits de l’Homme, plutôt que motif de la santé (électrosensibilité), qui bien que non secondaire rattache souvent l’opinion aux stéréotypes de l’écologie politique. Les raisons qui en font un droit ; la raison économique, l’âge (les personnes âgées sans maîtrise de l’outil, la possibilité de préserver chez les mineurs une non-obligation numérique, en classe comme ailleurs), la liberté fondamentale (opinion, réticence), la préservation des données personnelles, l’impact écologique,
• École : Proposer un soutien, voire une loi, permettant aux parents qui sont réticents d’échapper à l’obligation pour leurs enfants dans les établissements publics. (Ex. Tablettes, tableaux inter-actifs). Développer les aides pour les troubles psychologiques dues à l’addiction au numérique.
3- Déconnexion administrative : POUR DES RÉSERVES ADMINISTRATIVES DE LA GRATUITÉ : relocalisation des services publics.
Administrativement, tout une gamme de services publics doit être protégée de l’extension du domaine du numérique : et comme on connaît déjà la dictature que la « commodité » exerce contre la « socialité », il ne faut même pas accepter une cohabitation de deux sortes de procédures : numérique et non-numérique.
Pour les services publics de base, il ne doit pas y avoir le choix mais une seule offre : non-numérique, et qui ne pourra être satisfaite que par une relation humaine directe. On peut imaginer des « maisons locales des services publics » proches des gens (par un objectif de proximité en distance et en temps de parcours) et couvrant tous les services de base (pour tous les utilisateurs avec une attention particulière aux personnes aux RSA et aux personnes âgées). Ces MLSP regrouperaient les services publics de base (= les gratuités).
Mais en attendant :
• Mise en place de locaux (dans chaque commune) : Dans les mairies ou ailleurs, à l’instar des médiathèques. Que les personnes non-équipées ne soient pas lésées. Pour avoir un accompagnement, une garantie en cas de besoin, et des équipements disponibles comme les imprimantes, parce il est obligatoire d’avoir ses papiers à jours…
• Rappeler auprès des fournisseurs et opérateurs leurs engagements concernant le recouvrement du réseau en fibre optique. Les arguments favorables à la fibre plutôt qu’aux ondes sont nombreux.
• Région : soutenir toutes les initiatives (associations, équipements des infrastructures) qui encouragent la sensibilisation à d’autres pratiques. Ex : développement des logiciels libres, de collèges avec contrat Linux.